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IMAGE CORPS (FORMAT POCHE)

ARDENNE PAUL
26.00 €
Sur commande
Code EAN : 9782841052622
Editeur : REGARD
Date de parution : 06/01/2011
26.00 €
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IMAGE CORPS (FORMAT POCHE)Extrait de l'avant-propos

27 novembre 1960: Yves Klein, h peintre de l'espace se jette dans le vide! L'image est connue: une icône du 20e siècle artistique. Depuis le toit d'une maison de gardien jouxtant une rue, un homme se lance dans le vide - Yves Klein en personne, le maître d'oeuvre de la célèbre exposition du Vide, chez Iris Clert, à Paris, un an plus tôt, celui, aussi, des monochromes bleus, ainsi que des Anthropométries, toiles résultant de l'utilisation par l'artiste, comme pinceaux vivants, de femmes nues à l'épiderme enduit de peinture. Yves Klein se jette dans le vide. Ce photomontage (car il s'agit d'une photographie retouchée) apparaît à la une de Dimanche, Journal d'un seul jour, une publication éphémère dont l'artiste est l'unique rédacteur. Un journal, "Dimanche". Un affichage à la une. Un titre en lettres claquantes, faisant dans le sensationnel, "Le peintre de l'espace se jette dans le vide!" Un événement, donc. L'événement même du corps devenu gloire, s'arrachant à la pesanteur, en route pour la conquête de l'espace.
Regardons l'image. L'artiste saute. Tout son corps se décontracte, bras, tendons des pieds. Libération d'énergie. Sous lui, le trottoir, la rue en enfilade. Il se lance. Son corps? Celui d'un danseur, ce danseur rimbaldien courant sur les étoiles. Corps souriant, exalté. Sauter comme on se défenestrerait, pour en finir? Non. Le corps, plutôt, paraît s'élever. S'élever, qui plus est - tenons-nous en au titre de l'oeuvre -, "dans le vide". Un saut comme un équivalent de l'assomption chrétienne. Ce "vide" autour du corps, devant lui, comment le comprendre? Comme un manque de matière, milieu libre de particules où se raccrocher à rien, où tomber comme tombent les anges déchus de Bruegel, en une chute que n'arrêtera que l'impact du corps sur la première matière venue, avec la destruction pour conséquence? Pas sûr. Regardons mieux. Le corps d'Yves-le-monochrome? Il va prendre son envol. Le vide? Il devient pour lui cet univers n'offrant nulle résistance, que l'on parcourt sans effort, où se mouvoir à sa guise, d'une simple impulsion de la volonté, d'un geste efficace mettant en correspondance demande et effet. Et, par extension, un espace d'accueil absolument pénétrable, sans nulle place pour la notion de contrainte physico-mécanique. Cet espace même, on l'a compris, où la gloire du corps peut s'offrir sans pareille. Il y a le corps et le vide, autant dire: il y a cette matière seule, le corps, et rien autour. Resplendissement. Les alentours deviennent anecdotiques. Le corps de l'artiste, à lui seul, a capté l'attention, structuré le visible, condensé l'énergie.

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