Revue de presse
Hana Aoi est une fille peu dégourdie, c’est le moins qu’on puisse dire. Enchainant gaffe sur gaffe, elle souhaite travailler pour murir. Pour cela, quoi de mieux que travailler en tant que gardienne de zoo, elle qui adore les animaux ? Seulement, le zoo Oumagadoki est dirigé par l’excentrique Shîna, homme à l’apparence d’un lapin qui fut maudit par un animal mystique. Shîna a le pouvoir de donner à ses animaux une apparence hybride et le doter de paroles. Pour regagner son apparence d’origine, il doit faire de son établissement le zoo le plus populaire qui soit ! Malgré ses défauts de gaffeuse, Hana va tenter de s’insérer tant bien que mal dans cette compagnie délirante…
Crazy Zoo, Oumagadoki Dobutsuen de son nom japonais, est un court shônen en cinq volumes, signé Kohei Horikoshi, un jeune auteur que nous découvrons, en France, avec cette série. Titre récent, datant de 2010, Crazy Zoo fut prépublié dans le prestigieux Shônen Jump, mais la courte durée de la série sous-entend une absence de succès qui mena à l’annulation du titre… Pourtant, sur ce premier tome, Crazy Zoo nous propose un récit délirant au possible, et truffé de qualité !
Ce premier tome nous propose de faire la connaissance de Hana Aoi, une demoiselle très classique dans son genre et maladroite au possible. Amoureuse des animaux, elle va dénicher un job de gardienne dans l’établissement Oumagadoki, dirigé par le très particulier Shîna, homme transformé en lapin suite à une malédiction et possédant le pouvoir de changer ses congénères animaux en humanoïdes doués de parole. Shîna étant quelqu’un de très immature et adorant s’amuser, la pauvre Hana n’est pas au bout de ses peines.
D’une manière générale, cet opus entretient la recette un chapitre = une histoire, dans le but de présenter les concepts de la série, le délirant zoo Oumagadoki ainsi que son bestiaire. Grâce à l’histoire, les animaux deviennent des personnages à part entière et le mangaka joue en permanence avec cette double nature. Si chaque animal est doué de parole et a tendance à se comporter comme un humain, il ne peut renier sa véritable nature, apportant ainsi les enjeux de chaque scénario et menant Hana dans des situations particulièrement burlesques. Sur les premiers chapitres, rien n’est donc véritablement sérieux. Hana passe son temps à gaffer et découvre un peu plus son patron très particulier tout en venant en aide à un compagnon animal. L’accent est plus particulièrement mis sur Shîna, patron du zoo entouré de mystères, des cartes que l’auteur garde dans sa manche pour développer l’intrigue, sans doute. En soi, il s’agit du personnage le plus intéressant et le plus barré, celui qui nous pousse à poursuivre notre lecture. Quant aux animaux, si leur personnalité n’est pas des plus élaborées, c’est bien leur côté dingo qui nous permet de nous attacher à eux.
La lecture est donc fortement plaisante tant la série possède un esprit véritablement déjanté. Les points faibles de ce premier tome se caractérisent d’une part par Hana, héroïne trop classique, gaffeuse et agaçante, et peut-être par l’aspect classique de certaines histoires qui prônent une morale surfaite, particulièrement dans les titres issus du Shônen Jump.
Il est intéressant de noter qu’avec l’histoire en deux chapitres qui conclue ce premier volume, Kohei Horikoshi s’ouvre une porte nouvelle pour la suite de son récit. Il ne serait donc pas étonnant qu’à l’avenir, Crazy Zoo opte pour un mélange de délire et d’action, la fin du volume nous proposant un combat assez rapide. Cela peut rebuter mais gageons que si la série réussie la transition vers le shônen de baston tout en conservant son identité, le pari sera hautement réussi.
Graphiquement, le trait du mangaka est très fin. Si le design des personnages n’est pas des plus inspirés, l’auteur fait néanmoins preuve d’ingéniosité lorsqu’il s’agit de déstructurer des animaux pour donner lieu à des êtres chimériques. Kohei Horikoshi fait preuve de talent dans la maîtrise du dessin de ses personnages, et les quelques planches d’action qui ponctuent la fin de ce tome s’avèrent très réussies. On a hâte d’apprécier l’évolution graphique du mangaka !
L’édition de Delcourt semble sans bavure. Le texte est fluide et l’adaptation ne semble pas poser problème. Pour le reste, nous sommes dans du Delcourt, la qualité technique est donc honorable.
Pour l’heure, Crazy Zoo est un délire complet, sans queue ni tête, jouant à fond la carte de l’absurde grâce à un bestiaire particulièrement décalé. Malgré quelques petits points noirs, ce premier volet constitue une excellente lecture, et c’est tout ce qu’on lui demandait. La série tenant sur cinq tomes uniquement, on suivra son évolution avec intérêt, en espérant que le mangaka ne se soit pas perdu en route dans une tournure imposée par l’éditeur.
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