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HENRI DUTILLEUX, ENTRE LE CRISTAL ET LA NUEE

DARBON/CASTANET
14.00 €
Sur commande
Code EAN : 9782916738031
Editeur : CDMC
Date de parution : 02/01/2010
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HENRI DUTILLEUX, ENTRE LE CRISTAL ET LA NUEE

Extrait

Extrait de l'avant-propos

Entre le cristal et la nuée.
Nicolas Darbon

L'oeuvre est faite de temps, le chef-d'oeuvre est source des temps.
Michel Serres, Genèse

et tandis que la creuse sonnerie emplit nos horizons d'alarme
tu lèches la chair du fruit et à l'intérieur il y a le mystère
Tristan Tzara, L'Homme approximatif

Nous connaissons les lignes cardinales de la musique de Dutilleux. C'est l'un des compositeurs français contemporains les plus reconnus dans le monde entier. Héritier de la grande tradition française, il excelle dans le maniement des couleurs harmoniques et orchestrales, s'inspirant souvent de la peinture, de la poésie, ou directement de la nature, en particulier du cosmos. Pour apprécier la musique de Dutilleux, il suffit d'avoir de l'intuition, les sens en éveil ou un goût affirmé pour l'art contemporain... Variations, correspondances et résonances gouvernent sa musique, y compris sur le plan temporel - dans chaque oeuvre, et d'une oeuvre à une autre. D'où chez le résidant de l'île Saint-Louis ce travail «psychanalytique» de la mémoire, pour reprendre un terme de Gérard Grisey.
Tout cela, nous le connaissons.
Si cet ouvrage tente de brosser un portrait assez complet de Dutilleux, il dégage aussi une dialectique où la part irrationnelle et mystérieuse n'est pas minime. Pourquoi les chefs-d'oeuvre de Dutilleux nous étreignent-ils ? Ce n'est pas parce qu'ils sont les fruits patients d'une minutie légendaire. Mais bien plutôt parce qu'ils sont genèses informes de formes... Nous allons chercher à le montrer.

J'aime mieux le temps s'il se montre
Que s'il passe en nous sans bruit
Comme un voleur dans la nuit
Jean Tardieu
Henri Dutilleux, Le Temps l'horloge

Avant de développer cet aspect, il faut signaler quelques détails pratiques, qui permettront de situer notre projet.

Le présent ouvrage est issu des Journées Dutilleux élaborées à l'occasion du 90e anniversaire du maître, et de la sortie du livre de Jeremy Thurlow, Henri Dutilleux... la musique des songes (7-12 décembre 2006).

Nous tenons à remercier nos infatigables coreligionnaires pour l'organisation de ce colloque ; ils se reconnaîtront !
Ce livre se compose d'une série d'approches différentes de sa musique, et de témoignages de compositeurs, de commentateurs, d'interprètes. Pour mieux se repérer, nous avons placé en fin de volume la liste intégrale des oeuvres. Pour commencer, voici une petite chronologie de la vie et de l'oeuvre de Dutilleux :

-22 janvier 1916 : naissance à Angers. Son arrière-grand-père Constant Dutilleux (1807-1865) était peintre, dessinateur et graveur, proche d'Eugène Delacroix et de Camille Corot (école d'Arras). Son grand-père maternel, Julien Koszul (1844-1927) était compositeur et organiste, proche de Gabriel Fauré et directeur du Conservatoire de musique de Roubaix, où il eut Albert Roussel comme élève. Pendant la Première Guerre mondiale, sa famille se réfugie en Maine-et-Loire, et retourne à Douai après l'armistice. À Douai, Dutilleux accomplit ses études générales au lycée et ses études musicales au Conservatoire de Douai sous la direction de Victor Gallois (4e Grand Prix de Rome) : piano, théorie d'harmonie, contrepoint. 1929 : La Fleur, pour voix et piano.
- 1933-1938 : entre au Conservatoire de Paris avec Jean Gallon en harmonie, 1er Prix en 1935; Noël Gallon en contrepoint et fugue, 1er Prix en 1936 ; Maurice Emmanuel en histoire de la musique ; Henri Busser en composition, 2e Prix en 1938 ; Philippe Gaubert en direction d'orchestre.
- 1938-1939 : Grand Prix de Rome; au moment où éclate la Seconde Guerre mondiale, après quatre mois à la Villa Médicis de Rome, il retourne en France.
- 1941-1943 : premières compositions pour orchestre et musique de chambre.
- 1942-1944 : chef de chant à l'Opéra de Paris.
1944 : La Geôle, mélodie avec orchestre sur un poème de Jean Cassou ; 1944-1954 : Deux Sonnets de Jean Cassou, pour baryton et piano ou orchestre, tirés des «Trente-trois Sonnets composés au secret».
- 1944 à 1963 : dirige le service des illustrations musicales à la Radio Télévision Française et commande la musique de nombreuses pièces de théâtre radiophonique.
- 1946 : épouse la pianiste Geneviève Joy, futur professeur au Conservatoire de Paris, pour laquelle il compose ses oeuvres pour piano (la Sonate m 1948).
- 1951.Première Symphonie, créée par Roger Désormière avec l'Orchestre national; 1953 : le ballet Le Loup est commandé et créé par Roland Petit ; 1959 : Seconde Symphonie «Le Double», créée par Charles Munch avec l'Orchestre symphonique de Boston, commande de la Fondation Koussevitzky.
- 1961-1970 : professeur de composition à l'École normale de musique, appelé par Alfred Cortot.
- 1963 : Dutilleux quitte la RTF pour se consacrer à son oeuvre. -1965-1967 : Métaboles créées par George Szell avec l'Orchestre de Cleveland; Grand Prix national de la musique pour l'ensemble de son oeuvre.
- 1970-1971/1984 : professeur associé au Conservatoire de Paris.
- 1970-1976 : Figures de résonances pour deux pianos, et Tout un monde lointain... pour violoncelle et orchestre, commandé et créé par Mstislav Rostropovitch ; membre associé de l'Académie royale de Belgique ; membre honoraire de l'American Academy and Institute of Arts and Letters de New York ; 1976 : Ainsi la nuit, quatuor à cordes, créé par le Juilliard String Quartet à Washington et par le Quatuor Passion à Paris, Trois Strophes sur le nom de Sacher, pour violoncelle.
- 1982-1987 : conférences et concerts au Japon et en Corée ; Grand Prix international du disque à Montreux ; cours au Conservatoire de Genève ; L'Arbre des songes, concerto pour violon et orchestre, commande de Radio France pour Isaac Stern, oeuvre créée par Lorin Maazel au Théâtre des Champs-Élysées ; Prix international Maurice Ravel, Prix du Conseil international de la musique; cours à l'Académie Sibelius à Helsinki et à la Juilliard School de New York.
- 1989-1996 : Mystère de l'instant pour orchestre, commande de Paul Sacher ; élu membre honoraire de l'Accademia Nazionale Santa Cecilia ; Prix Praemium Impérial du Japon; nommé membre de la Royal Academy of Music de Londres.
- 1997-2007 : The Shadows of Time, créé par Seiji Ozawa à Boston; compositeur en résidence au Tanglewood Music Center, en été 1995 et 1998 ; Grand Prix international de la critique musicale ; Correspondances pour voix et orchestre, créé par Simon Rattle à la Philharmonie de Berlin; Prix international Ernst von Siemens ; Le Temps l'horloge, pour voix et orchestre, création partielle par Seiji Ozawa pour le Saito Kinen Festival Matsumoto au Japon.
- 2009 : Le Temps l'horloge, pour voix et orchestre, création du cycle complet avec Renée Fleming, sous la direction de Seiji Ozawa, au Théâtre des Champs-Élysées à Paris.

L'oeuvre est un accord sûr, le chef-d'oeuvre tremble de bruits.
Michel Serres, Genèse

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