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ASO N.264 - HIPPOLYTE ET ARICIE

RAMEAU JEAN-PHILIPPE
25.00 €
Sur commande
Code EAN : 9782843852831
Editeur : PREMIERES LOGES
Date de parution : 12/09/2011
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ASO N.264 - HIPPOLYTE ET ARICIEExtrait de l'introduction de Pascal Denécheau

Guide d'écoute

C'est avec Hippolyte et Aride que Rameau, alors âgé de cinquante ans, débuta sa carrière de compositeur de musique dramatique. Sans doute nourrissait-il depuis plusieurs années le projet d'écrire un opéra pour la scène de l'Académie royale de musique. C'était le but ultime à atteindre, le couronnement d'une carrière; s'il réussissait, le musicien entrait alors dans le cercle restreint des compositeurs d'opéras et son nom côtoierait les illustres Lully, Campra et Marais.

À la recherche d'un livret...

La principale difficulté que Rameau eut à surmonter fut de convaincre l'un des librettistes en vogue à cette époque de lui écrire les paroles d'un opéra. Rameau n'était alors connu que par son Traité de l'harmonie, ses pièces de clavecins, ses motets et ses cantates, et par quelques pièces comiques pour le théâtre de la Foire. L'auteur qui acceptait d'accéder à la demande d'un compositeur novice en matière d'opéra, tel que Rameau, prenait le risque de voir son travail non rémunéré si l'ouvrage était refusé par les directeurs de l'Académie royale de musique ou chutait après les premières représentations.
Après une tentative infructueuse auprès d'Antoine Houdarde La Motte en 1727, Rameau se tourna vers l'abbé Simon-Joseph Pellegrin qui venait de remporter un immense succès avec son opéra biblique Jephté (musique de Michel Pignolet de Montéclair). C'est vraisemblablement grâce à l'entremise du mécène et richissime fermier général La Poplinière, que le compositeur finit par obtenir du librettiste l'ouvrage tant espéré. Pellegrin exigea cependant une avance de cinq cents livres sur ses émoluments dans le cas où l'opéra n'aurait aucun succès. Lors d'une répétition du premier acte & Hippolyte et Aricie, l'abbé touché par la beauté de la musique, aurait déchiré la reconnaissance de dette que Rameau lui avait faite en déclarant «qu'un pareil musicien n'avait pas besoin de caution». Malgré cette marque d'admiration de la part du librettiste, Hippolyte et Aricie demeurera l'unique ouvrage issu de la collaboration de Pellegrin et Rameau.

Dès qu'il eut dans les mains le texte de Pellegrin, Rameau s'empressa de le mettre en musique, appliquant les principes musicaux qu'il avait exposés dix ans auparavant dans ses écrits théoriques. Bien qu'Hippolyte et Aricie soit son premier opéra, le compositeur fait preuve d'une totale maîtrise; il produit un récitatif de grande qualité, à la fois souple et parfaitement adapté à la déclamation. Il met sa science musicale au service de la dramaturgie, émaillant son discours d'harmonies audacieuses qui soulignent les émotions des personnages et touchent en même temps l'auditeur. Ses choeurs sont extrêmement travaillés, tant du point de vue contrapuntique que formel et ses pièces symphoniques au fort pouvoir évocateur traduisent en musique orages, tempêtes et mouvements des flots.
Dans la préface du livret, Pellegrin déclare s'être inspiré de la tragédie Hippolyte de Sénèque ainsi que de la Phèdre de Racine. C'est à ce dernier qu'il emprunte l'invention du personnage d'Aricie. Mais, contrairement à ses prédécesseurs qui font mourir tragiquement Hippolyte, Pellegrin est contraint de donner à sa tragédie une fin beaucoup plus heureuse, plus à même de plaire au public de l'Opéra. Pour sauver le jeune homme, le librettiste a recours à un deus ex machina très compliqué: afin de soustraire Hippolyte à la vengeance de Neptune, un dieu très haut placé dans la hiérarchie olympienne, Pellegrin fait intervenir Diane dont les pouvoirs sont bien moindres que ceux du dieu des mers. Ce faisant, il enfreint la règle dite de vraisemblance qui veut qu'une divinité subalterne ne peut pas contrecarrer une divinité de plus haut rang. Il faut donc que Diane n'agisse pas en son nom propre mais en celui du Destin, puissance à laquelle tous les autres dieux sont soumis. Pellegrin développe le même thème dans le prologue qui, d'une manière très habile, introduit la tragédie et justifie l'intervention de la chaste Diane en faveur du couple Hippolyte/Aricie, en dépit de sa haine farouche de l'amour. Pellegrin renforce les liens qui unissent prologue et tragédie en citant le même vers dans les deux parties: «En faveur de l'Hymen, faites grâce à l'Amour» (Jupiter, prologue, se. 3); puis «En faveur de l'Hymen, je fais grâce à l'Amour» (Diane, acte V, se. 6). Et la boucle est bouclée!

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