![LE PLAISIR ET LA LOI DU](http://bddi.2dcom.fr/LocalImageExists.php?ean=9782707136879)
Le banquet grec, lié à la cité, associe, sous le patronage de Dionysos, le plaisir et la loi. On voit se constituer, dans ce lieu pourtant privé, des discours publics : l'élégie, le dialogue philosophique, et notamment cette forme appelée à mille mutations : le Banquet socratique. Dans la Rome impériale, les banquets, comme les tragédies, sont des dénominations trompeuses pour ces festins et ces spectacles que le pouvoir et la richesse offrent au peuple. Plaisir de consommation d'un côté, plaisir de domination de l'autre : telle est la part du festin. Mais les Romains refusent de s'y reconnaître. Seul le Banquet, légué par les Grecs, leur paraît honorable. Le Festin quant à lui est toujours représenté comme parodie ou échec du Banquet. Ainsi de Pétrone : mais le Festin de Trimalchion est sans doute le seul texte où Rome passe aux aveux. Affranchi monstrueux, Trimalchion est un fantasme culturel représentant la non-citoyenneté absolue, le corps réduit à lui-même face à la richesse, dans une impossibilité de jouissance conviviale. Le Festin de Trimalchion est lu par Florence Dupont dans son rapport avec le Banquet de Platon. De Rome à la Grèce, quelle est la fonction et la signification de ce que l'on appelle l'imitation ? Rapport angoissé, ricaneur ou mensonger, que Rome entretenait avec l'hellénisme ? C'était déjà celui de la civilisation hellénistique avec son passé récent. Le tourment de Rome fut d'avoir hérité de représentations inadéquates, mais de vouloir fonder sa légitimité sur cet héritage. Ce qui nous est donné à lire dans le Satyricon, c'est le plus souvent le déplacement, l'absence et la dénégation : la parole romaine est toujours née d'ailleurs.
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