Extrait
Je m'appelle Saphir Battersea. C'est beau, non ? Je n'arrête pas de l'écrire dans ce journal intime. J'ai brodé un S et un B en cachette à l'intérieur du col de mon uniforme. Je trace un S et un B pleins de volutes en touillant la soupe quand j'aide la cuisinière. Je laisse un S et un B savonneux par terre quand je lave le plancher. Au lit, la nuit, je chuchote mon nom dans le dortoir glacial, et la vapeur qui sort de ma bouche en dessine les lettres au-dessus de moi dans l'obscurité.
Je suis Saphir Battersea, mais personne ne m'appelle par mon vrai nom, même pas ma mère adorée. Maman a choisi de m'appeler Saphir parce que j'avais des yeux incroyablement bleus à la naissance. Pourtant elle m'appelle Millie, elle aussi, désormais.
- Je ne m'appelle pas Millie. Ce qu'il est bêta, ce prénom ! C'est juste une de ces odieuses étiquettes qu'on donne aux enfants trouvés. Je déteste leur manie de changer nos noms à tous, d'en inventer d'autres au hasard. On ne dirait pas des vrais noms. Millie Plume ! C'est ridicule.
- Tu aurais pu avoir pire, a répliqué maman. Imagine, tu aurais pu être Grizel Grognon.
Cette pauvre Grizel est dans la classe de la petite Eliza, à l'hôpital des Enfants-Trouvés. Tout le monde l'appelle Grisaille, et par conséquent, elle est tout le temps grognon, comme son nom l'indique.
- Saphir, c'est tellement élégant, tellement romantique. C'est un nom idéal pour un écrivain, ai-je repris en traçant ma signature dans l'air d'un grand geste théâtral.
- Espérons que tu en deviendras un, alors, a commenté maman d'un ton un peu mordant.
- Tu vas voir. Je vais publier mes Mémoires et grâce à moi, nous serons riches. Miss Smith m'aidera. Mon histoire deviendra un vrai livre avec des lettres d'or et une belle illustration sur la couverture, comme toutes les histoires signées Sarah Smith qu'elle publie chez la Religious Tract Society.
- Je ne suis pas sûre que tes histoires à toi puissent convenir à une maison d'édition religieuse, Millie, a observé maman en riant.
- Saphir ! Pourquoi tu refuses de m'appeler par mon vrai nom, celui que tu as choisi pour moi ?
- Je suppose que je me suis habituée à Millie, chérie, a dit maman en jouant avec ma natte rousse.
Je suis Saphir Battersea, mais personne ne m'appelle par mon vrai nom, même pas ma mère adorée. Maman a choisi de m'appeler Saphir parce que j'avais des yeux incroyablement bleus à la naissance. Pourtant elle m'appelle Millie, elle aussi, désormais.
- Je ne m'appelle pas Millie. Ce qu'il est bêta, ce prénom ! C'est juste une de ces odieuses étiquettes qu'on donne aux enfants trouvés. Je déteste leur manie de changer nos noms à tous, d'en inventer d'autres au hasard. On ne dirait pas des vrais noms. Millie Plume ! C'est ridicule.
- Tu aurais pu avoir pire, a répliqué maman. Imagine, tu aurais pu être Grizel Grognon.
Cette pauvre Grizel est dans la classe de la petite Eliza, à l'hôpital des Enfants-Trouvés. Tout le monde l'appelle Grisaille, et par conséquent, elle est tout le temps grognon, comme son nom l'indique.
- Saphir, c'est tellement élégant, tellement romantique. C'est un nom idéal pour un écrivain, ai-je repris en traçant ma signature dans l'air d'un grand geste théâtral.
- Espérons que tu en deviendras un, alors, a commenté maman d'un ton un peu mordant.
- Tu vas voir. Je vais publier mes Mémoires et grâce à moi, nous serons riches. Miss Smith m'aidera. Mon histoire deviendra un vrai livre avec des lettres d'or et une belle illustration sur la couverture, comme toutes les histoires signées Sarah Smith qu'elle publie chez la Religious Tract Society.
- Je ne suis pas sûre que tes histoires à toi puissent convenir à une maison d'édition religieuse, Millie, a observé maman en riant.
- Saphir ! Pourquoi tu refuses de m'appeler par mon vrai nom, celui que tu as choisi pour moi ?
- Je suppose que je me suis habituée à Millie, chérie, a dit maman en jouant avec ma natte rousse.
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