Extrait
Bicolore, mais de quel pays ?
- Et pourquoi pas une botte de navets ? a marmonné ma mère, découvrant le cadeau envoyé par tante Rude pour mes onze ans.
Tante Rude s'appelle Magdalena, mais maman trouve qu'elle ne mérite pas son prénom, alors elle lui inflige des sobriquets. Avant Rude, je l'ai déjà entendue l'appeler Désirée, Kiki la fleur et la Castafiore. De mon côté, je me contente de Rude et quelquefois de chère tante Rude, quand je lui écris une carte de voeux.
Je suis moins sévère que ma mère à l'égard de ma tante. Il faut dire qu'elle n'est pas ma soeur. Elle ne m'a pas coupé la frange pendant mon sommeil pour s'en faire des extensions, ni déchiré mes pantalons afin de les transformer en jupes à volants, donc nous ne nous sommes jamais querellés. Je n'ai aucun grief contre elle, contrairement à pépé, qui ne veut plus la voir, et à maman qui lui reproche encore aujourd'hui un tas de choses et plus particulièrement une, contre laquelle Rude ne peut rien : être une vraie femme raffolant des bijoux, des froufrous dépassant de ses chemisiers, et de son métier. Elle est chanteuse de nuit, en sous-sol. Je suis de l'avis de papa : «On ne va pas la blâmer de ne pas aimer les fenêtres. Il faut de tout pour faire un monde, et laissons-la vivre.» Je demande souvent à aller l'écouter chanter, mais les pays où elle travaille sont trop éloignés de la maison. Et puis maman préfère les pays avec fenêtres. En plus, elle n'aime pas les déguisements, et il semblerait que tante Rude chante en costume.
Une à deux fois par an, j'accepte avec curiosité ses cadeaux nuls. La plupart du temps, ils me parviennent par la poste, et je reconnais immédiatement son écriture aux coeurs dont elle orne ses «i». Cette année, tante Rude m'envoie des pinces à linge multicolores et une pelote de laine bleue. Son mot explique que les pinces me serviront à accrocher des photos sur un fil de laine tendu entre deux murs et à décorer ainsi ma chambre en toute liberté, sans abîmer le papier peint.
- Finalement, il n'est pas si con, observe papa.
Le gros mot frappe maman en pleine figure.
- Et pourquoi pas une botte de navets ? a marmonné ma mère, découvrant le cadeau envoyé par tante Rude pour mes onze ans.
Tante Rude s'appelle Magdalena, mais maman trouve qu'elle ne mérite pas son prénom, alors elle lui inflige des sobriquets. Avant Rude, je l'ai déjà entendue l'appeler Désirée, Kiki la fleur et la Castafiore. De mon côté, je me contente de Rude et quelquefois de chère tante Rude, quand je lui écris une carte de voeux.
Je suis moins sévère que ma mère à l'égard de ma tante. Il faut dire qu'elle n'est pas ma soeur. Elle ne m'a pas coupé la frange pendant mon sommeil pour s'en faire des extensions, ni déchiré mes pantalons afin de les transformer en jupes à volants, donc nous ne nous sommes jamais querellés. Je n'ai aucun grief contre elle, contrairement à pépé, qui ne veut plus la voir, et à maman qui lui reproche encore aujourd'hui un tas de choses et plus particulièrement une, contre laquelle Rude ne peut rien : être une vraie femme raffolant des bijoux, des froufrous dépassant de ses chemisiers, et de son métier. Elle est chanteuse de nuit, en sous-sol. Je suis de l'avis de papa : «On ne va pas la blâmer de ne pas aimer les fenêtres. Il faut de tout pour faire un monde, et laissons-la vivre.» Je demande souvent à aller l'écouter chanter, mais les pays où elle travaille sont trop éloignés de la maison. Et puis maman préfère les pays avec fenêtres. En plus, elle n'aime pas les déguisements, et il semblerait que tante Rude chante en costume.
Une à deux fois par an, j'accepte avec curiosité ses cadeaux nuls. La plupart du temps, ils me parviennent par la poste, et je reconnais immédiatement son écriture aux coeurs dont elle orne ses «i». Cette année, tante Rude m'envoie des pinces à linge multicolores et une pelote de laine bleue. Son mot explique que les pinces me serviront à accrocher des photos sur un fil de laine tendu entre deux murs et à décorer ainsi ma chambre en toute liberté, sans abîmer le papier peint.
- Finalement, il n'est pas si con, observe papa.
Le gros mot frappe maman en pleine figure.
Commentaires (0)