menu

MALO DE LANGE ET LE FILS DU ROI

MURAIL MARIE-AUDE
9.50 €
Sur commande
Code EAN : 9782211208062
Editeur : EDL
Date de parution : 12/01/2012
9.50 €
Sur commande
MALO DE LANGE ET LE FILS DU ROIEn 1835, le jour de mes quinze ans, je fus nommé lieutenant à la brigade de Sûreté de Paris. Cette promotion un peu rapide s'explique peut-être par le fait que mon chef est aussi mon père.
Il y eut cette même année plus de vingt complots pour tuer ou pour enlever le roi. Tout ce que je savais de Louis-Philippe, c'était qu'il ne sortait jamais sans son parapluie et qu'il avait dit après un attentat:
- Je ne crains pas les assassins. Pour moi, la meilleure des cuirasses, ce sont mes enfants.
J'avais fait la remarque à mon père que je n'aimerais pas être un des fils du roi.
- Ni moi son parapluie, m'avait-il répondu.

Notre travail à la brigade, c'était d'arrêter les voleurs qui empoisonnaient la vie des Parisiens, mais nous laissions courir les comploteurs. Pour ma part, j'étais prêt à crier vive le roi, vive l'Empereur, ou vive la République selon le sens du vent. Seuls les imbéciles ne changent pas d'opinion, comme disait le monsieur qui s'était enfui avec le garçon d'honneur la veille de son mariage.

1

Personne n'aime personne. - Je goûte au parfait-amour, mais je ne le recommande à personne.

Il neigeait sur Paris en ce début janvier. La galerie Véro-Dodat, illuminée par le gaz, faisait un tunnel de lumière vers lequel j'accourus. C'était un de ces passages couverts qui permettaient aux Parisiens de se promener les jours de mauvais temps. Au crépuscule, il était désert et les boutiques étaient déjà fermées, sauf la librairie, qui restait toujours ouverte.
- Bonsoir, monsieur de Lange, me salua le libraire. Personne n'est pas là, mais il y a quelqu'un.
C'est un peu agaçant d'avoir un chef qui s'appelle Personne.

Dans le bureau de monsieur Personne, un gamin l'attendait en tâchant de se réchauffer devant le poêle. Comme il me tournait le dos, je ne voyais de lui que sa casquette et ses épaules frissonnantes.
- Gaby?
Le petit se retourna, me montrant son visage bleui par le froid et le bout de son nez rougi à force d'avoir été frotté.
- Nom d'unch! dis-je seulement.
Il était difficile d'imaginer que, quelques mois auparavant, Gaby s'appelait Moïra de Feuillère et qu'elle se faisait admirer dans les salons parisiens au bras de son vieil amant, le duc d'Écourlieu.
- Ben oui, fit-elle, le ton rageur, j'ai passé la journée dehors à surveiller une maison.
Depuis qu'elle n'avait plus de protecteur, Moïra, sous le nom de Gaby, s'était enrôlée à la brigade.
- Qui est-ce que tu surveilles?

Commentaires (0)

forum
Soyez le premier à déposer un commentaire !
keyboard_arrow_down
expand_less