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ARMAND LE VAMPIRE - VOL06

RICE ANNE
9.00 €
Sur commande
Code EAN : 9782266254069
Editeur : POCKET
Date de parution : 19/06/2014
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ARMAND LE VAMPIRE - VOL06

Extrait

Une enfant était morte au grenier, disait-on. Ses vêtements y avaient été découverts dans un mur.
J'avais envie d'aller là-haut m'allonger près de ce mur, seul.
De temps à autre, son fantôme apparaissait. Celui de l'enfant. Pourtant, pas un de ces vampires ne voyait les esprits à ma manière. Aucune importance. Ce n'était pas la compagnie de la petite disparue qui m'attirait, c'était l'endroit.
Rien ne me retenait plus auprès de Lestat. J'étais venu. J'avais accompli mon dessein. Je ne pouvais rien faire pour lui.
Son regard attentif, parfaitement fixe, posé sur moi me mettait mal à l'aise. Bien que calme, empli d'amour pour ceux qui m'étaient les plus proches - mes enfants humains, mon petit Benji à la chevelure sombre et ma tendre, ma gracieuse Sybelle -, je n'avais pas encore la force de les emmener.
Je quittai la chapelle sans même remarquer qui s'y trouvait. Le couvent tout entier était un véritable repaire de vampires. Aucun désordre n'y régnait, mais je ne vis pas qui demeurait dans le sanctuaire lorsque j'en sortis.
Lestat reposait comme il avait toujours reposé, devant l'énorme crucifix, allongé sur le côté, les mains flasques, la droite juste au-dessus de la gauche dont les doigts touchaient à peine le sol de marbre - comme à dessein, alors qu'il n'en était rien. La paume de la droite, repliée, formait un petit creux où tombait la lumière - cela aussi semblait significatif sans l'être le moins du monde.
Son corps surnaturel gisait simplement là, dépourvu de volonté ou de mouvement, guère plus doté d'intention que son visage qui trahissait une intelligence presque provocante, lorsqu'on songeait que Lestat n'avait pas bougé depuis des mois.
Les grands vitraux, consciencieusement couverts de draperies pour lui avant le lever du soleil, brillaient la nuit, magnifiques à la lueur des bougies dispersées parmi les statues et les reliques de toute beauté qui emplissaient ce lieu autrefois consacré. De jeunes mortels y avaient alors entendu la messe sous la haute voûte ; un prêtre avait psalmodié des mots latins depuis l'autel.
La chapelle était nôtre, désormais. Elle appartenait à Lestat - l'homme qui gisait sur le sol.
Homme. Vampire. Immortel. Enfant des Ténèbres. Tous ces termes le décrivent à la perfection.
Je le regardai par-dessus mon épaule. Jamais je ne m'étais senti aussi enfant.
Car c'est ce que je suis. Je corresponds à cette définition comme si elle avait été inscrite dans mon code génétique et qu'il n'avait jamais existé d'autre schéma de conception.
J'avais peut-être dix-sept ans lorsque Marius fit de moi un vampire. Ma croissance était terminée : depuis un an, je mesurais un mètre soixante-cinq. Mes mains sont aussi délicates que celles d'une jeune femme, et j'ai le menton glabre, ainsi que nous disions à l'époque, au seizième siècle. Je ne suis pas un eunuque, non, loin s'en faut, mais un jouvenceau.
La mode voulait alors que les jouvenceaux fussent aussi beaux que les jouvencelles. A présent seulement, j'y attache de l'importance, parce que j'aime les autres - les miens : Sybelle, pourvue d'une poitrine de femme mais aussi de membres grêles d'adolescente, et Benji, au petit visage rond d'Arabe, si expressif.
Je m'immobilisai au pied de l'escalier. Pas de miroir, ici, juste les hauts murs de brique au plâtre arraché, des murs que seule l'Amérique considère comme vieux, foncés par l'humidité jusqu'à l'intérieur du couvent. Tous les éléments, toutes les textures y sont adoucis par les étés brûlants de La Nouvelle-Orléans et ses hivers moites, luxuriants - que je qualifie de verdoyants, car les arbres ne se dénudent presque jamais dans la région. --Ce texte fait référence à l'édition Broché .

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