N'en déplaise à certains, le journal de Pascal Sevran, inauguré voici sept ans avec La Vie sans lui, s'impose comme une oeuvre littéraire importante qui restera sans doute comme un des témoignages les plus vivants, amusants, sensibles et incorrects sur notre étrange époque. La fleur printannière qu'il a choisie cette année pour titre, colore, sous le regard souriant et lointain de Stéphane, la comédie villageoise, littéraire, parisienne, libertine souvent, mélancolique toujours, qu'est la vie quotidienne de cet écrivain calme qui sort périodiquement de sa solitude provinciale pour tenir des propos qui surprennent et provoquent toujours parce qu'ils ne sont guidés que par le bon sens. Entre Morterolles - village désormais inscrit au patrimoine littéraire national - les théâtres de music-hall et le salon du quai d'Orléans, 2005, avec ses catastrophes, ses violences, son référendum européen, ses pitreries politiques et médiatiques, lui inspire des pages drôles ou belliqueuses. Sevran n'est pas tendre cette année, nombre de personnages puissants et de Tartuffes vont s'en apercevoir. Au contraire, on retrouvera Julien, le bel adolescent qui devient peu à peu un homme, ou Bertrand, le maire de Paris, dans la poésie de leurs jeunesses montmartroises, d'autres amis artistes ou écrivains, l'intelligente complicité de Philippe Besson par exemple. Entourage familier auquel il faut ajouter la foule de ses lecteurs dont les lettres, souvent magnifiques, enrichissent une vie plus que singulière.
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