Au beau milieu de la frénésie des années cinquante Jack Kerouac, à l'instar de beaucoup d'écrivains américains des générations précédentes, choisit l'errance. Il est indéniable que cette dernière était la solution existentielle idéale pour un écrivain qui voulait écrire au-delà des systèmes afin de retrouver l'Amérique mythique et l'homme dans sa pureté originelle. C'est dans le cadre de l'étude du bouddhisme que naîtra l'engouement de Kerouac pour la forme poétique épurée du haïku. Comme la gaine qui contient l'arbre en germe, ces courts poèmes de trois vers seront autant de moments d'épiphanie et d'intense réalisation ponctuant la difficile voie vers la sagesse. Une des leçons spirituelles que Kerouac tire de la pratique du haïku, c'est que la nature, pour précaire et éphémère qu'elle soit, n'en est pas moins principe de changement et de diversité. Tout naît, puis tout meurt pour renaître et à nouveau. Alors la souffrance et la mort sont là simplement et intrinsèquement, inscrites dans la vie même. A travers l'expérience spirituelle du haïku, Kerouac les dédramatise, les voit comme elles sont, loin de toute considération affective et intellectuelle, loin de tout jugement dualiste.
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