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ESSART

MISTRAL GABRIELA
23.00 €
Sur commande
Code EAN : 9782877042321
Editeur : UNES
Date de parution : 20/08/2021
23.00 €
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ESSARTDescription :

Quelle est cette terre que Gabriela Mistral cherche à essarter, à défricher ? Celle de son Chili natal, de la Cordillère des Andes, des légendes Mayas ? Ou la terre des exils et des ombres ? Essart est un livre mystérieux ; on lit ces poèmes comme on marche sur une terre ouverte, dont on embrasse les sommets du regard, cheminant au plus près d’une parole dense et profonde, rustique et mystique. Gabriela Mistral hisse ses poèmes vers la fable, au moyen d’une langue bruissante d’hommes et de dieux, de traditions et de légendes, de dialectes archaïques. Nous sommes séparés, Mistral nous rassemble dans la circulation interne d’un pouls, d’un sang à la pulsation puissante qui a le mouvement d’un fleuve. On se perd dans un « hallali de pierres roulées », au milieu des iguanes et des tortues, des cerfs et des colombes, avec cette étrange impression d’être « toujours blessé, jamais chassé ». Essart opère une transfiguration de l’enfance en odeurs, des fantômes en brumes, des hommes en paysages, des visages en fables, des peuples en fleuves, des corps en zodiaques et des dieux en rêves, en une lumière qui mystifie tout. Dans ces poèmes où vivre et mourir, dans cette confession plus vaste que soi, des profusions de monde aux « quarante points cardinaux » tiennent dans un mot, dans une langue habitée, c’est à dire peuplée de souvenirs, de charmes, de fleuves, d’oiseaux et de fleurs, de disparitions et d’esprits, vaste comme un horizon ou un ciel étoilé. Cette voix qui nous soulève vers la liberté, nous berce entre les épiphanies et les pleurs avec « le pur rythme tranquille des vieilles étoiles » semble ne jamais vouloir interrompre son chant, ne jamais briser le sortilège et c’est ce qui nous tient, nous emmaillote à ces lignes : la crainte d’une magie dissipée, le retour brutal sur la terre vide et nue, inconsolables de la fable. Aussi nous ne quittons ni les anges, ni le rêve de cette poésie qui « regarde le monde aussi familièrement que si elle l’avait créé. »

Notice biographique :

Gabriela Mistral (1889-1957) est une poétesse chilienne, Prix Nobel de Littérature en 1945. Elle est le premier écrivain d’Amérique Latine et la toute première femme poète à recevoir cette distinction. Née dans une famille pauvre, abandonnée par le père, d’une vallée rurale du Chili, elle sera institutrice de campagne, avant de devenir une figure de la pédagogie et de l’enseignement dans toute l’Amérique Latine. Elle réforme à la demande du gouvernement mexicain le système scolaire du pays, entre 1922 et 1924, en transformant notamment l’éducation des filles et des enfants des zones rurales. Elle poursuivra ensuite une carrière diplomatique jusqu’à la fin de sa vie, en devenant consul du Chili à Madrid, Lisbonne, Nice, au Brésil, à Los Angeles, Veracruz, Naples ou encore New York. Féministe, lesbienne, Gabriela Mistral détonne à son époque et dans une Amérique latine dont elle ne cesse de combattre et de dénoncer le machisme. Son œuvre poétique s’ouvre avec Desolación, publié en 1922, qui lui offre une notoriété au-delà des frontières de son continent. Viennent ensuite ses deux plus grands livres, Essart (1938) et Lagar (1954), dans lesquels elle atteint sa pleine maturité poétique, puis Poema de Chile (1967), recueil entièrement consacré à son pays natal. Elle laisse également de très nombreux écrits en prose, articles de presse, textes de conférences, essais… Porteurs d’une quête à la fois matérielle et spirituelle, ses poèmes disent une intimité rare avec la terre, la matière, les êtres rencontrés, et une acuité presque douloureuse de la vie. Mêlant la mythologie grecque à celles des civilisations de Mésoamérique et aux références bibliques, Gabriela Mistral invente un monde à la croisée des cultures occidentale et d’Amérique latine, à la fois étrange et accueillant ; âpre, presque rude, et pourtant rendu familier par sa profonde humanité.

Extrait :

– « Elle parle avec accent de ses mers barbares, avec ne sais quelles algues et ne sais quels sables ; récite une oraison à dieu sans poids ni forme, vieillie comme si elle mourrait. Dans notre verger qu’elle nous rendit étrange, elle a planté cactus et herbes griffues. Elle respire des haleines du désert et a aimé d’une passion dont elle blanchit, qu’elle ne conte jamais ; si elle nous la contait elle serait comme la carte d’une autre étoile. Elle vivra parmi nous durant quatre-vingts ans, mais toujours semblera comme en train d’arriver, parlant une langue qui gémit et halète et que comprennent seules les bestioles. Et elle va mourir au milieu de nous tous, une nuit qu’elle souffrira comme jamais avec son destin seulement pour oreiller, d’une mort muette et étrangère ».

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