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LE REQUIEM DES ABYSSES - VOL02

CHATTAM MAXIME
9.50 €
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Code EAN : 9782266207058
Editeur : POCKET
Date de parution : 07/05/2013
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LE REQUIEM DES ABYSSES - VOL02Paris, début juillet 1900

La lune épousait la bestialité.
Et de cette union naquit la sauvagerie.
Le voile oblique traversait la haute fenêtre et posait un suaire d'argent scintillant sur la gueule béante qui surgissait d'un mur.
Les crocs rutilants jaillissaient entre les poils, saisissant la nuit comme un morceau de viande. Les pupilles allongées buvaient toute la pièce, les paupières écartées, comme si les yeux s'apprêtaient à sortir de leurs orbites, emportés par la rage.
La pleine lune pénétrait la longue salle d'exposition et irradiait sur la tête empaillée du loup, faisant frissonner Jacques.
Le gardien du musée abandonna dans son sillage un profond soupir.
Il n'aimait pas ce trophée, il le trouvait violent.
Et puis il n'avait pas sa place ici, dans un établissement noble.
Le loup était un animal cruel. Un prédateur.
Un chasseur sanguinaire qui hantait le folklore populaire depuis toujours, pour terroriser les gens.
Ce n'était pas une simple bête sauvage, c'était un monstre.
Jacques ne comprenait décidément pas ce qu'il faisait là, au milieu des tapisseries anciennes, des armures chargées d'histoire, des vitrines d'armes médiévales et des vieux grimoires aux couvertures craquelantes.
Et puis cette lune qui le caressait, c'était obscène.
Jacques enfonça un pouce sous sa ceinture de cuir et, de son autre main, leva un peu plus sa lampe à huile.
Le halo de la flamme orange réchauffait les présentoirs, son reflet dansait sur le verre des casiers, fugace et transparent comme un fantôme.
Comme le souvenir des vies incarnées par tous ces objets. Huit ans qu'il travaillait au musée de Cluny, la nuit essentiellement.
À surveiller ces collections, ces souvenirs de la civilisation. Pour l'intellectuel, ils avaient une valeur inestimable, pour le visiteur, un intérêt probable, mais sur un plan purement mercantile, Jacques se demandait encore, huit ans plus tard, pourquoi il fallait un gardien la nuit pour tout ce bric-à-brac poussiéreux et encombrant.
Personne ne viendrait jamais voler quoi que ce soit.
Ce n'était pas le musée du Louvre ici, il n'y avait pas d'oeuvres d'art qu'un riche excentrique aurait pu monnayer une petite fortune, aucun bijou antique que des receleurs sans scrupules pourraient fondre et revendre au poids de l'or. Rien de valeur.

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