LE PUITS D'EXIL - PUITS D'EXIL (LE)
GOBRY-VALLE ARMANDE
L'enfermement durera un an. Un an de monologue, un an d'angoisse, un an d'espoir, un an d'attente, de rage, de reniement et d'orgueil.
Puis Daniel Lejeune sera rendu à la liberté. Sans savoir pourquoi. Et le lecteur n'en saura pas plus.
Daniel Lejeune retrouvera sa famille, le clan.
Mais Daniel Lejeune n'existe plus. Ils se sont habitués à vivre sans lui. Lui et sa disparition incompréhensible, lui et son incapacité à se réintroduire dans leurs habitudes et dans leurs quotidien les gênent, les troublent, les mettent mal à l'aise. Lui et sa solitude refuseront de s'adapter ou de se réadapter. Il s'enfermera. Il coupera les ponts.
Puis il retournera dans sa boîte. Son seul lieu de liberté.
Le roman est impitoyable. Le lecteur est en permanence renvoyé à sa solitude fondamentale, à ses faiblesses, à ses lâchetés, à ses désirs fous, à la mort inéluctable qui l'attend. Mais il est aussi beau que ce « champ de tulipes éclatantes ployant sous le vent » dont il est question dans l'extrait cité. Le poli des mots, la retenue en même temps que la violence de chaque phrase fait penser à un tableau de Van Gogh.
La Fosse vient à point nommé donner tout son sens à la critique enthousiaste d'Hugo Marsan parue dans le numéro de septembre de Page (librairie Clé) consacré à « La relève »:
« Ce qui domine chez Armande Gobry-Valle, c'est sans aucun doute la jubilation de raconter, le besoin viscéral d'une reconquête de la destinée humaine par les mots. Une exploration du dénuement qui, paradoxalement, se transforme en richesse grâce à l'ampleur sensuelle de la phrase, comme si, contre la solitude et l'impossible recours à l'autre, la littérature était l'acte suprême de fusion et d'amour. »
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