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BLESSE RONCE NOIRE

LOUIS-COMBET CL
8.10 €
Sur commande
Code EAN : 9782714308221
Editeur : CORTI
Date de parution : 01/01/1945
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BLESSE RONCE NOIREBlesse, ronce noire. Ce sont les derniers mots que Georg Trakl fait prononcer à sa soeur, Gretl, dans le poème Révélation et anéantissement, écrit peu avant la bataille de Grodek (1914) d'où, la drogue aidant, il ne devait pas revenir.
Lorsqu'on considère, par-delà le minimum d'informations biographiques dont dispose l'historien, les photographies conjointes du frère et de la soeur, on peut se demander qui fut le premier à dire les mots de la douleur, de l'amour et de la faute et dans quelle secrète complicité naquirent les poèmes.
Dans l'espace de la proximité ouvert entre ces deux faces d'amants et d'artistes, on peut rêver abondamment sur le sens de la dilection, de l'écriture et de la déréliction.
Blesse, ronce noire est, ici, une de ces rêveries possibles, sans souci d'histoire historienne, d'interprétation psychologique ni d'exégèse métaphysique. Une fiction, rien de plus, née de la contemplation des visages - sachant que l'on ne peut connaître que là où l'on se reconnaît. D'une infime et quelquefois hypothétique objectivité dans l'espace et dans le temps, - l'écart d'un récit, où le coeur prend ses aises à se rejoindre.
"Nous n'avons ensemble qu'une seule âme (...) ; elle s'est reconnue dans ton corps comme dans le mien..."
Première page
Dans le grenier de la vieille maison, c'est un capharnaüm de malles remplies de livres, de lettres, de papiers de famille, mais aussi de vêtements périmés, de rideaux, de dentelles, de coussins à franges et à ramages. Il y traîne des jouets comme fracassés par le temps : une poupée qui a perdu une jambe, une autre dont le crâne de porcelaine s'est brisé et laisse apparaître le délicat appareil de contrepoids qui fait mouvoir les yeux, petits globes de verre bleus se haussant et s'abaissant sous des paupières immobiles ornées de très longs cils. Les poupées portent des robes à l'image de celles des petites filles et, là-dessous, de précieux petits pantalons blancs serrés contre les cuisses. Un jeu de quilles est étalé sur le plancher.
Un cheval de bois éreinté est encore attelé à sa charrette, mais celle-ci n'a plus de roues.
Des soldats de plomb fauchés dans leur élan viril gisent dans une boîte de carton. De nombreux couvre-chefs, masculins ou féminins, sont accrochés à des patères ou traînent dans la poussière : des casquettes, des gibus, des canotiers, des chapeaux extravagants ornés d'oiseaux, de fleurs, de plumes, et garnis de rubans, de voiles noirs ou de voilettes.

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