Extrait
Planté devant la fenêtre de la salle de réunion, Gideon Crew contemplait distraitement l'ancien quartier des abattoirs de Manhattan. Il caressa des yeux les toits goudronnés des bâtiments transformés en boutiques de luxe ou restaurants à la mode, contempla la foule des promeneurs qui arpentaient les allées du High Line Park, et arrêta son regard sur les eaux du fleuve, au-delà des vieux pontons de bois. Sous le soleil pâle de ce début d'été, l'Hudson oubliait provisoirement sa couleur boueuse, sa surface changeante teintée de bleu par la marée montante.
Ce spectacle rappela soudain à Gideon un certain ruisseau serpentant à travers les monts Jemez, le profond bassin d'eau claire dans le secret duquel se cachait une énorme truite sauvage.
Il en avait assez de New York, d'Effective Engineering Solutions et de son étrange patron en fauteuil roulant, Eli Glinn.
- Vous ne m'en voudrez pas, mais je pars retrouver ma canne à pêche, laissa-t-il tomber.
Glinn s'agita sur son fauteuil et poussa un soupir. Une main mutilée s'échappa de la couverture sur ses genoux et tendit un petit paquet enveloppé de papier kraft en direction de son interlocuteur.
- Votre paiement. Gideon sembla hésiter.
- Vous comptez vraiment me payer ? Après ce qui s'est passé ?
- Il faut reconnaître que vous n'avez guère respecté les termes de notre accord, concéda Glinn.
Il déchira le paquet et compta plusieurs liasses de billets de cent dollars qu'il déposa sur la table.
- Voici la moitié des cent mille dollars convenus. Gideon s'empressa de prendre les billets avant que son commanditaire change d'avis.
À son grand étonnement, Glinn lui tendit alors l'autre moitié de la somme.
- Et voici le solde. Disons qu'il s'agit d'une avance. Gideon fourra l'argent dans les poches de sa veste.
- Une avance ? Pour quelle raison ?
- J'ai pensé que vous souhaiteriez rendre visite à l'un de vos vieux amis avant de repartir, répondit Glinn.
- Je vous remercie, mais j'ai rendez-vous avec une truite sauvage à Chihuahuenos Creek.
- Quel dommage ! J'étais persuadé que vous trouveriez tout de même le temps d'aller voir cet ami.
- Croyez-moi, j'ai mieux à faire que d'aller voir un ami. Vous me l'avez vous-même gentiment expliqué, il me reste peu de temps à vivre. Et puis quel ami, d'abord ?
- Un certain Reed Chalker. Si je ne m'abuse, vous avez travaillé ensemble à une époque.
- On bossait tous les deux à Los Alamos, ce qui ne signifie pas qu'on travaillait ensemble. Ça fait des mois que je n'ai pas vu Reed.
- Eh bien, nous allons remédier à cela. Les autorités aimeraient que vous ayez une petite conversation avec lui.
- Quelles autorités ? Et quelle conversation ? C'est quoi, cette histoire ?
- À l'heure où je vous parle, Chalker retient quatre personnes en otages. Une famille de Queens.
Gideon éclata d'un grand rire.
- Vous plaisantez ? Chalker est un vrai geek. Il ne ferait pas de mal à une mouche. --Ce texte fait référence à l'édition Relié .
Ce spectacle rappela soudain à Gideon un certain ruisseau serpentant à travers les monts Jemez, le profond bassin d'eau claire dans le secret duquel se cachait une énorme truite sauvage.
Il en avait assez de New York, d'Effective Engineering Solutions et de son étrange patron en fauteuil roulant, Eli Glinn.
- Vous ne m'en voudrez pas, mais je pars retrouver ma canne à pêche, laissa-t-il tomber.
Glinn s'agita sur son fauteuil et poussa un soupir. Une main mutilée s'échappa de la couverture sur ses genoux et tendit un petit paquet enveloppé de papier kraft en direction de son interlocuteur.
- Votre paiement. Gideon sembla hésiter.
- Vous comptez vraiment me payer ? Après ce qui s'est passé ?
- Il faut reconnaître que vous n'avez guère respecté les termes de notre accord, concéda Glinn.
Il déchira le paquet et compta plusieurs liasses de billets de cent dollars qu'il déposa sur la table.
- Voici la moitié des cent mille dollars convenus. Gideon s'empressa de prendre les billets avant que son commanditaire change d'avis.
À son grand étonnement, Glinn lui tendit alors l'autre moitié de la somme.
- Et voici le solde. Disons qu'il s'agit d'une avance. Gideon fourra l'argent dans les poches de sa veste.
- Une avance ? Pour quelle raison ?
- J'ai pensé que vous souhaiteriez rendre visite à l'un de vos vieux amis avant de repartir, répondit Glinn.
- Je vous remercie, mais j'ai rendez-vous avec une truite sauvage à Chihuahuenos Creek.
- Quel dommage ! J'étais persuadé que vous trouveriez tout de même le temps d'aller voir cet ami.
- Croyez-moi, j'ai mieux à faire que d'aller voir un ami. Vous me l'avez vous-même gentiment expliqué, il me reste peu de temps à vivre. Et puis quel ami, d'abord ?
- Un certain Reed Chalker. Si je ne m'abuse, vous avez travaillé ensemble à une époque.
- On bossait tous les deux à Los Alamos, ce qui ne signifie pas qu'on travaillait ensemble. Ça fait des mois que je n'ai pas vu Reed.
- Eh bien, nous allons remédier à cela. Les autorités aimeraient que vous ayez une petite conversation avec lui.
- Quelles autorités ? Et quelle conversation ? C'est quoi, cette histoire ?
- À l'heure où je vous parle, Chalker retient quatre personnes en otages. Une famille de Queens.
Gideon éclata d'un grand rire.
- Vous plaisantez ? Chalker est un vrai geek. Il ne ferait pas de mal à une mouche. --Ce texte fait référence à l'édition Relié .
Commentaires (0)