Les thèmes enfouis dans les précédents romans tendent encore plus violemment celui-ci. Une mise en évidence, tranquille, souriante, mais d'autant plus précise, de ce qu'on a nommé la "société du spectacle". Plus que jamais, son roman apparaît lesté de l'inquiétant poids des convulsions du monde. Superbe roman, sardonique, désinvolte à hurler, où l'on aime les humains comme de braves chiens qu'ils sont. L'écriture, chez Echenoz, n'est pas qu'une esthétique. C'est aussi une morale. Un climat neuf, puissant et drôle, comme un solo sur l'étrange saxophone des mots. C'est toujours admirablement écrit, lisse, visuel, parodique, subtil, malicieux. Ce qui étonne surtout, c'est la manière entièrement originale avec laquelle il renouvelle l'art de raconter une histoire. Le fil narratif est constamment nourri de digressions savoureuses qui prennent le lecteur par surprise. Il emporte le lecteur, émerveillé d'avoir gravité dans le bonheur des mots et de découvrir là le roman le plus inventif de cette rentrée.
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