menu

UN DERNIER MENSONGE

JOUET JACQUES
12.00 €
Sur commande
Code EAN : 9782818017401
Editeur : POL
Date de parution : 14/02/2013
12.00 €
Sur commande
UN DERNIER MENSONGE«Je ne sais pas ce qui m'a pris de dire à Bernardine que son livre, justement, je venais de me le procurer.»
Est-ce que ce n'est pas là un commencement suffisamment prometteur? Je me pose la question au moment de reprendre cette histoire de mensonge dont un premier état accuse plus de quinze ans d'âge. Ce seul effet de reprise explique la mise entre guillemets de la phrase initiale. C'est un incipit et c'est une citation.
Mon dernier mensonge, la chose parut en 1994 à Saint-Quentin, qu'on commençait à dire «en-Picardie» pour distinguer la cité des modèles rieurs en poudre colorée fixés par Quentin Delatour - poudrés d'art et de cosmétiques - du Saint-Quentin qui est en-Yvelines. Elle était en feuille format presse quotidienne, avec dessin l'illustrant, de la Xe édition du Festival de la Nouvelle que Martine Grelle avait fondé de toutes pièces comme de main de maître et qui eut pour effet de conforter toute une génération d'auteurs sur la voie du court.
Je rappelle ces faits au moment où je vais probablement rallonger ma «nouvelle» d'alors, et par conséquent trahir l'esprit de cette façon, qui n'est pas réellement un art à part entière (c'est du moins ma conviction du moment). Revenir sur le métier dans le sens d'un gonflement n'est pas pour moi une nouveauté puisque je procède le plus souvent comme ça quand j'écris des romans. Il n'y aura là, en outre, aucune espèce de trahison pour la raison que rien n'est achevé même lorsque ça en a l'apparence, que rien n'est jamais inachevable non plus, sauf les ruines bâties comme telles de toutes pièces, toutes neuves donc, dans les jardins d'inspiration rousseauiste qu'affectionnait le XVIIIe siècle finissant (une ruine toute neuve est comme «un enfant décrépit», disait, réprobateur, M. Gui de Chabanon). Il y a, en revanche, des oeuvres inachevées qui ne s'étaient pas expressément voulues telles - le XXe siècle, comme on sait, en est rempli. Pas vrai, Messieurs Musil, Kafka, Proust? Je ne comprendrai jamais pourquoi on ne vous en tiendra que si peu rigueur. Et il n'est encore que le déclic, celui qui me pousse à remettre sur le chantier cette histoire - la lecture, et depuis relecture, du Menteur de Henry James -, qui corrobore cette proposition quant à l'impropriété du critère de longueur pour l'art du roman, (...)

Commentaires (0)

forum
Soyez le premier à déposer un commentaire !
keyboard_arrow_down
expand_less