Chez Hubert Mingarelli, la cohérence et l'unité d'inspiration sont si remarquables qu'ils donnent le sentiment de raconter toujours la même histoire. Une ou deux pages de La Beauté des Loutres nous ramènent immédiatement à La Dernière Neige ou Une rivière verte et silencieuse. Ces trois titres forment bloc. A nouveau, il sera donc question d'un homme et d'un gamin, au langage simplifié, lourd d'émotions maladroites. La nouveauté, tout de même, c'est l'importance que prend ici le décor physique, entraînant une action tendue en une seule journée : quelque part en hiver, dans l'Isère ou la Drôme, Horacio et Vito se lèvent un peu avant l'aube pour charger des moutons sur un camion à plate-forme qu'ils devront livrer de l'autre côté de la montagne. Le voyage est long, il faut franchir un col avant la nuit. Les deux compagnons dissimulent leur angoisse grandissante en échangeant des bouts de dialogues sur les loutres qui sont si belles dans l'eau et si difficiles à entrevoir. Mais, un peu plus tard, Horacio frappe le gamin. Parce que la peur vous fait faire de ces choses... Et quand ils se seront sauvés - sous le regard d'une femme, bien sûr -, il aura toutes les peines du monde à se pardonner ce geste.
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