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BRIC ET BROC

ROLIN OLIVIER
13.70 €
Sur commande
Code EAN : 9782864326397
Editeur : VERDIER
Date de parution : 03/03/2011
13.70 €
Sur commande
BRIC ET BROCÀ Verdier

La dernière fois que j'ai vu Gérard Bobillier, «Bob», comme nous l'appelions, c'était pendant l'été 2009, au début du mois d'août, chez lui, à Verdier, où il était revenu pour rencontrer les participants du Banquet du livre. Je venais d'y prononcer une conférence - celle qui figure dans ce recueil sous le titre «La métis du roman». Bob m'avait invité à parler dans le petit cloître de l'abbaye, comme je l'avais fait déjà, d'autres années, et je lui avais répondu que oui, peut-être, pourquoi pas. J'étais tenté, par camaraderie (nous sommes une génération sentimentale, contrairement à ce qu'on croit), et aussi parce que j'aime le lieu. D'un autre côté, je suis un peu paresseux, et puis l'été, j'aime bien rester chez moi, en Bretagne. J'hésitais donc, lorsqu'il m'a rappelé pour me préciser la date de mon intervention et me demander un titre. J'aurais pu encore tergiverser, mais on ne résistait pas à Bob. Je l'ai entendu soutenir des choses avec lesquelles je n'étais pas en accord, il nous est arrivé d'être en froid l'un avec l'autre, je n'ai pas compris certaines querelles qui l'ont opposé à de communs amis - ce n'était pas un tempérament conciliant -, mais je ne l'ai jamais entendu dire une chose bête ou vulgaire, je n'ai jamais passé un moment avec lui sans en retirer cette excitation mêlée d'un soupçon d'anxiété que donne la fréquentation d'une intelligence que l'on sent plus profonde que la sienne propre, d'un caractère mieux trempé, d'un humour plus féroce. Avec ça, c'était probablement l'homme le plus éloigné du paraître, de la coquetterie intellectuelle (ou même vestimentaire...) que j'aie connu. Avec lui, il fallait être à la hauteur, c'est tout: et ils ne sont pas nombreux, ceux qui vous obligent à vous élever.
À Verdier, donc, cet été-là, qui fut son dernier, Bob m'a invité à rassembler les textes de quelques conférences ou articles autour de questions littéraires pour les publier dans la maison qu'en compagnie de Colette Olive et Michèle Planel il avait fondée trente ans plus tôt. Dans n'importe quelle circonstance, et pour les raisons que je viens de dire, sa demande m'aurait honoré. Exprimée alors qu'évidemment il pressentait ce qui était devant lui, et que ses visiteurs, sans trop oser se l'avouer, redoutaient terriblement, elle m'engage. D'autant qu'elle fut réitérée dans les derniers mots, rares et épuisés, qu'il me dit au téléphone, et que Colette et Michèle me la confirment à présent qu'elles se retrouvent seules à la barre des éditions Verdier.

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