Un beau matin on se dit : « Ça y est, je deviens vieux ou vieille ! » Des dégradations de tous ordres ont déjà eu lieu, et même très tôt pour certains, comme les champions sportifs. On a perdu de l'endurance, de la souplesse, du souffle, des cheveux, sa ligne, on a pris du poids, des rides, et surtout on n a plus cette juvénile appétence qui vous faisait tout désirer, tout vouloir connaître, entreprendre... Reste qu'on a gagné sur d'autres terrains, on a acquis des biens, un réseau social, de la maturité, du savoir... Et puis un jour, on est obligé de se l'avouer (les autres s en sont parfois aperçus avant), on est entré dans ce qu'on appelle courtoisement le « certain âge ». On n a plus la vie devant, mais derrière soi, on vit sur ses acquis, on n en attend plus d'autres, on se met plutôt à « compter ses abattis »... A faire le bilan de ce qu'on a « encore » - le mot « encore » est la mot clé du « certain âge » -, de ce qu'on peut encore préserver, de quoi on peut encore jouir, et pour combien de temps encore... C'est loin d'être général que de vieilles personnes s effritent dans des asiles, des mouroirs, n éprouvant plus d'amour du fait qu'elles ne sont plus aimées... Mais d'autres parviennent à faire leur place là où la société a le plus besoin d'elles : la sagesse. En vieillissant, on atteint plus vite l'essentiel, la profondeur ; chaque mot, chaque phrase prononcée avec amour et savoir par une personne âgée marque les plus jeunes. Comme s ils attendaient ces paroles réconfortantes et justes.
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