![UNE FETE POUR BORIS](http://bddi.2dcom.fr/LocalImageExists.php?ean=9782851813718)
Dans la dynamique de l'exaspération propre à Thomas Bernhard, Une fête pour Boris jette sur la scène une galerie de culs-de-jatte, réunis pour l'anniversaire de Boris. La Bonne Dame, sa femme - et son tyran -, organise, impose, exige la réception. C'est donc la sortie exceptionnelle des infirmes de l'hospice, cette maison que Boris regarde fixement par la fenêtre, à longueur de journée, cloué sur son fauteuil, abandonnant seulement sa fixation pour croquer une pomme. Pièce folle, violente, pleine d'échos, de voix élevées contre le dialogue, Une Fête pour Boris est une suite de monologues, soliloques épuisés, sans ponctuation, que chaque infirme poursuit sans cesse, à part soi. Rassemblés autour d'une table, dans leur chaise roulante, les personnages butent l'un sur l'autre, se confrontent, s'affrontent, se mettent à hurler l'horreur de vivre, tantôt hagards, tantôt hystériques. Bernhard concasse ses petites créatures, les écrase, infligeant des lits qui sont encore trop courts pour leur taille ou offrant des bottes à un cul-de-jatte, pour exciter la mauvaise humeur et le ressentiment. Tous ces êtres sont naturellement en sursis, au bord du suicide ou dans l'obsession du suicide, qui revient, se répète.
Texte noir mais drôle aussi, où le rire éclate, comme l'auteur a ri devant son spectacle de la catastrophe, sa culture du désastre. --Céline Darner
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