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LE PASSAGE

FADWA SOULEIMANE
9.00 €
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Code EAN : 9782872829224
Editeur : LANSMAN
Date de parution : 20/01/2013
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LE PASSAGEExtrait du préambule

La prophétesse s'est levée parmi les décombres. Pieds nus, elle avance, regarde devant elle et pleure. Elle pleure beaucoup, se tait longtemps, longtemps. Elle court, court. Elle arrive près de la foule, pousse un cri déchirant vers le ciel, elle s'écrie: "Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonnée!"

1.

Au centre de la scène se trouve un écran éclairé d'une lumière blanche. Une jeune fille, les yeux fermés, se tient debout, le dos appuyé à un poteau. Pendant quelques longues minutes, un film défile sur l'écran, il montre les souffrances humaines pendant les Première et Deuxième Guerres mondiales. Mais aussi Hitler, Mussolini, Staline, Ceausescu, Milosevic, le Vietnam, l'Irlande, le Chili, le génocide arménien en Turquie, les massacres de Sabra et Chatila et de Qana au Liban, de Jenine en Palestine, des Kurdes à Halabja en Irak. Des scènes d'Hiroshima, de Nagasaki, de Bosnie-Herzégovine, d'Afghanistan. Des scènes de nettoyage racial, ethnique et religieux. La shoah. Bouazizi en Tunisie, les révolutions de Tunisie, d'Égypte, de Libye, du Yémen, du Bahreïn, de Syrie.

Le film muet défile. Un musicien accompagne. La jeune fille tient des feuilles à la main.

La jeune fille: J'ai dit: Je t'aime, Omar. Ils ont dit: Quel Omar? J'ai dit: Les deux Omar. Le premier fait partie de l'histoire de mon pays et le deuxième fait partie de l'histoire de ma vie. Ils ont dit: Qu'en est-il d'Ali? J'ai dit: Il fait partie de l'histoire de mon pays. Mais Omar est sublime, il est mon pays. J'ai dit: Je t'aime, Omar. Ils ont dit: Qu'en est-il des califes Othmân et Abou Bakr? J'ai dit: Ils font partie de l'histoire de mon pays alors qu'Omar, il est ma protection, ma ceinture, mon alphabet. Il est, je suis... depuis toujours... mon amour. Je ne cesserai jamais de répéter: Je t'aime, Omar.

Une voix: A bas Omar! Une autre voix: A bas Ali!

La jeune fille: Le temps ne m'a pas engendrée, aucun lieu ne m'a donné naissance. J'existe avant le temps, avant le lieu. L'argile ne m'a pas modelée, j'ai été modelée avant. L'eau non plus ne m'a pas fait de cadeau, j'ai existé bien avant qu'elle n'existe en moi. Les vents ne m'ont pas portée, le feu ne m'a pas attisée à sa guise, les métaux n'ont pas fusionné dans le creuset du feu.

Il a pensé, puis il a dit, puis il a agi. L'acte est comme la pensée, comme la parole. Le tout est comme le tout. Nous avons été taillés, décomposés. Puis nous avons été réunis. Nous avons été eux, ils ont été moi.

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