Hedda Gabler est une pièce sur la frustration et la vengeance d'une femme délaissée. Mais c'est aussi l'incarnation d'une vision romantique et idéalisée de l'amour, qui disparaît à la fin de XIXème siècle, où le concret et le réel l'emportent. Hedda s'est mésalliée avec quelqu'un de médiocre, et quand son amant réapparaît, régénéré par sa nouvelle vie, elle lui en veut et elle décide de le mener au suicide, en lui subtilisant le manuscrit qu'il considérait comme son oeuvre majeure. Bien avant tous les auteurs de l'absurde, comme Sartre ou Camus, Ibsen met en scène une femme révoltée, en quête d'émancipation. L'Histoire ne s'arrête jamais, et les vieilles réponses, sur le social, la vie, l'amour, ne résistent pas au temps qui s'accélère. De nouvelles exigences de vie se font jour et Hedda, faute de les accepter, préfère disparaître avec ce monde ancien qui se meurt à son tour. C'est là une des pièces majeures d'Ibsen, et l'une des plus grandes du théâtre occidental moderne. En quoi Ibsen a-t-il accompli une révolution théâtrale, la plus importante depuis Shakespeare ? C'est à cette question que s'est attelé Michel Meyer dans son introduction. Il resitue Ibsen dans le contexte de l'époque, retrace les grandes étapes de sa vie, et montre ce qu'a accompli Ibsen au crépuscule de l'ère romantique. Le réalisme au théâtre, qu'invente Ibsen, va influencer tout le théâtre contemporain, de Pirandello à Tennessee William, de Shaw à Eric-Emmanuel Schmitt.
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