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LES INEPTIES VOLANTES ATTITUDE CLANDO

NIANGOUNA DIEUDONNE
17.00 €
Sur commande
Code EAN : 9782846812870
Editeur : SOLITAIRES INT
Date de parution : 10/09/2010
17.00 €
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LES INEPTIES VOLANTES ATTITUDE CLANDO... Sortie du Marché Total, avenue de l'OUA, au coin l'école Saint-Exupéry sur l'avenue Tchicaya-U-Tam'si, je longe le goudron du poète qui finit par tomber sur le bras de la télévision, une fois viré à droite et qu'on se trouve au pied de la télé une ruelle en diagonale se précipite dans la vallée, passe une rigole, je grimpe la pente légère et me retrouve dans les bois, mais déjà il fait moins froid que l'atmosphère sinistre de ce février 1994, le moindre battement d'ailes s'entend à des échos-lumière, rare est le gazouillement d'un insecte récalcitrant, la peur fait craqueler les écorces des arbres qui s'immobilisent dans leur fin de parcours aussi muets que le temps moisi du suspens, mes pas éjectent le qui-vive, vagabond je dépose ma conscience sur une pierre et fais rebondir une massue par-dessus la pacotille, le coeur net comme s'il sortait d'une carrosserie de bagnole, l'attitude tellement peu importe interpelle quelques maîtres du lieu qui se voient obligés de me ramener à la ligne, n'eût été leurs sifflets ponctués de quelques chargements rapides de kalachnikov je n'aurais pas fait la connaissance de ma première barricade, le coeur sait se soulever haut les vents et le cerveau retomber plus à plat qu'une diarrhée rouge sur la latérite, la peur hormis les yeux qui vacillent c'est le trac du gardien de but, être la cible et les pieds qui demandent pardon, d'où sortez-vous, j'entendais des mots mais aucune phrase, ramassés une fois impossible de louer un sens à accorder aux joutes verbales que l'homme noir de charbon, barricadé de grenades, la tête enfouie sous un chapeau de rameaux - et moi, Sembène Ousmane et Aimé Césaire sous la poigne mouillée, la bouche balbutiant des onomatopées livrées au profit du doute, nous donnions à l'instar d'un dialogue de Ionesco mal ronronné par un chien et une musaraigne, l'incommunicabilité en marche, c'est une zone de front ici, je me saigne à vouloir reconstituer la scène, mais impossible, suis trop adepte de la fiction pour que le documentaire s'imprègne vigoureusement dans ma mémoire comme l'écrivain de L'Équipe du dimanche, c'est au eut que j'eus droit à un soupçon de souvenance, je devrais être un homme venu d'ailleurs, il m'avait déclaré pas espion, ni éclaireur, encore moins un con de journaliste en quête de sujet à pondre au milieu des têtes enfourchées sur des pics, j'avais rien vu et le décor était loin d'être classique, sans torture ni interrogatoire au café fort, même pas une fouille ni contrôle d'identité il me graciait, le gars avait du chien, il te scannait les intentions et le petit diable coincé derrière tes semblants lui parvenait en moins de deux comme une fiche de renseignements, son écurie, cinq louveteaux dont aucun ne me revint, apprécia comme un seul homme le discours du maestro, l'homme venu d'ailleurs devait continuer son chemin en le rebroussant, marcher sur ses propres pas c'est vachement important comme motif de rétrospection, mêmement qu'inspecter ses vomis pour prendre note sur l'ail farci dans le poulet qui reste à sa juste teneur après le va-et-vient du gosier tandis que le gombo se dilue dans la salive et la bile en passant, sur le chemin du retour je croisais mes pas, impossible de les empêcher à ne pas finir comme ces têtes sur des buttes à ras du sol et qui plus saluaient le sanctuaire du non-retour car même moi suis pas sûr d'en être sorti, mais tonitruant dans leur Cahier d'un retour au pays natal qu'ils balançaient par-dessus les vents mes pas avides et aveugles montèrent pour leur destin, je m'en allais larmes avec, croisant des vivants qui sortaient des buissons le regard saignant et tout le matos à fleur du kaki vert, l'homme au charbon avec une forêt sur la tête attendait mes pas, je ne puis savoir s'ils eurent le même sort que moi ou s'assoupirent tout simplement sur des pics, depuis aucune nouvelle d'eux...

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