menu

LE TRIPLE DU PLAISIR

MILNER JEAN-CLAUDE
10.65 €
Sur commande
Code EAN : 9782864322658
Editeur : VERDIER
Date de parution : 01/11/1998
10.65 €
Sur commande
LE TRIPLE DU PLAISIRLE TRIPLE DU PLAISIR. La pensée antique s'était formé du plaisir une représentation construite. Un paradigme : étancher sa soif, assouvir sa faim. Un axiome : le plaisir est incorporation. On ne peut saisir ce que cela entraîne qu'en posant et distinguant, de part et d'autre du plaisir, deux autres termes : l'acte sexuel et l'amour. Plaisir, coït, amour constituent ainsi le triple du plasir. Si le plaisir est incorporation, les termes peuvent-ils se combiner harmonieusement ? Telle est la question des sages. Elle recèle un piège dont nul sage n'ignore l'évidence : au régime de l'incorporation, plaisir et coït jamais ne se noueront. Ou il n'y a pas de plaisir sexuel.Le philosophe propose ses solutions. Platon d'un côté : chasteté, prédilection, amours masculines ; Lucrère de l'autre : multiplication des contacts, indifférence, amours féminines tout autant que masculines. Si opposées qu'elles soient, les deux solutions s'inscrivent dans un même paradigme, fondé sur la même évidence.Voilà précisément ce que les modernes refusent. Nous sommes tous bien convaincus que le plaisir sexuel est possible en droit - ce qui bien entendu ne décide pas s'il est facile ou même simplement possible en fait.C'est là le symptôme d'un bouleversement. Il a des conséquences et il a des conditions. Qu'il s'agisse du coït, de l'amour, de l'amitié, de la sexualité, nous ne pensons plus comme les Anciens.Quant au plaisir, nous ne le pensons plus au registre de l'incorporation, mais au registre de l'usage.Témoignent du changement, la théorie marxiste de la valeur et la théorie freudienne du fétichisme. Ainsi le plaisir devient-il de part en part marchand et la marchandise devient l'alphabet du plaisir. Mais la philosophie se résigne mal à l'universalisation du marché. Par elle, Platon revient. Emmailloté le plus souvent dans les langues académiques, réduit à des bêlements plaintifs. C'est le moment de Sade, de Baudelaire et de Pasolini. De Foucault aussi, qui tenta d'unir quelques parties du discours antique à l'univers moderne.C'est qu'à cet univers, le charme fait grandement défaut. Ne trouvera-t-on, pour nous délivrer, que les cygnes d'autrefois, pris dans les glaces de notre temps et condamnés au sol dur ? Je ne le crois pas.

Commentaires (0)

forum
Soyez le premier à déposer un commentaire !
keyboard_arrow_down
expand_less