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LOGIQUE DE DELEUZE

VILLANI ARNAUD
25.00 €
Sur commande
Code EAN : 9782705684037
Editeur : HERMANN
Date de parution : 14/03/2013
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LOGIQUE DE DELEUZE

Extrait

Extrait de l'introduction

Tous ceux qui ont approché, de près ou de loin, la philosophie de Deleuze, n'ont pas manqué de rencontrer ces «catégories étranges», ces grands concepts qui ont fait l'originalité, le charme et, il faut bien le dire, la difficulté du deleuzianisme : «bloc de sensations, plan d'immanence, corps sans organes, synthèse dans l'usage immanent, déterritorialisation, ritournelle, schizo-analyse, régime de signes, agencement collectif d'énonciation, auteur-araignée, devenir-imperceptible», pour ne citer que ceux-là. Et les néo-deleuziens ne se privent pas de brandir ces termes comme signes de reconnaissance ou de connivence, comme si reprendre une expression ou répéter un néologisme voulait dire avoir compris ce qu'ils signifient en propre.

Nul doute, c'est un philosophe séduisant, maître hors de pair en pédagogie, mais laissant bien de la distance entre la compréhension à demi-mot (et, s'il le faut, «clin d'oeil») et la compréhension profonde où commencerait à s'esquisser une structure. Chez lui, il apparaît comme le comble de l'art, je dirais même, comme un «acte de création», d'avoir fait en sorte qu'un grand nombre de ses concepts «fonctionne» immédiatement, comme de manière intuitive. Sa parole donnait cette impression, au fond de salles bondées, que l'on était de plain-pied avec ce qu'il disait et, sans en comprendre forcément les arrière-plans, que l'on pouvait le suivre. Car au fond, c'était cela, parler : non pas discuter, mais permettre de faire un bout de chemin avec lui, d'observer sa façon de regarder un problème «curieux», l'oeil pétillant et la bouche ourlée d'un sourire d'humour bienveillant, admiratif.

De sorte qu'on ne quittât pas sa parole ou la lecture de ses écrits sans joie, à quelque niveau d'intellection que l'on fût. Il est clair pourtant que cette philosophie, comme toute grande pensée, demande patience, travail et douleur, dès qu'on a décidé d'examiner à fond ses concepts porteurs et de les légitimer. Il se produit cependant ceci que, même si l'on a passé de nombreuses années à comprendre et expliquer ces concepts, pouvant donc apporter la preuve qu'ils résistent et conservent cohérence et consistance, le système total, la machine dans son ensemble continuent d'abriter un secret. Au fond, on hésite sur le fil à tirer pour comprendre comment le tricot a été, maille à maille, confectionné.

Deleuze, pour employer une autre métaphore, nous demande instamment de quitter le théâtre pour rejoindre l'usine. Mais l'usine à concepts de Deleuze, qui tourne au bénéfice de la vie, comment fonctionne-t-elle ? Bien sûr, du fait de l'immanence et de l'univocité partout exigées et manifestées, on aurait tort de chercher une quelconque hiérarchie entre les concepts. Mais on aimerait du moins trouver une séquence, un enchaînement logique. Quelle est la «courroie d'entraînement et de distribution» du moteur deleuzien ? D'où le mouvement part-il, jusqu'où va-t-il, quels en sont les rouages intermédiaires ? Peut-on fournir à l'usager un schéma, simplifié mais adéquat, de la «motorisation» deleuzienne ?

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