menu

QUAND TOUT EST DEJA ARRIVE

BARNES JULIAN
7.40 €
Sur commande
Code EAN : 9782070462339
Editeur : GALLIMARD
Date de parution : 01/01/2015
7.40 €
Sur commande
QUAND TOUT EST DEJA ARRIVE

Extrait

Vous réunissez deux choses qui n'avaient encore jamais été mises ensemble. Et le monde est changé. Les gens ne le remarquent peut-être pas sur le moment, mais ça ne fait rien : le monde a quand même été changé.

Le colonel Fred Burnaby, de la Garde royale à cheval, membre de la Société aéronautique britannique, s'éleva de terre non loin de l'usine à gaz de Douvres, le 23 mars 1882, et atterrit en France, à mi-chemin entre Dieppe et Neufchâtel.

Sarah Bernhardt s'était envolée du centre de Paris quatre ans auparavant, et avait atterri près d'Emerainville, dans le département de la Seine-et-Marne.

Félix Tournachon s'était envolé du Champ-de-Mars à Paris, le 18 octobre 1863 ; après avoir été emporté vers l'est pendant dix-sept heures par une forte brise, il s'était écrasé à côté d'une voie ferrée près de Hanovre.

Fred Burnaby voyagea seul, dans la petite nacelle - seulement trois pieds sur cinq et trois pieds de haut - d'un ballon rouge et jaune appelé The Eclipse. Burnaby pesait plus de cent kilos, portait une vareuse à rayures et un petit bonnet bien ajusté sous lequel il glissait son mouchoir pour se protéger la nuque du soleil. Il emporta deux sandwiches au boeuf, une bouteille d'eau minérale Apollinaris, un baromètre pour mesurer l'altitude, un thermomètre, une boussole et une provision de cigares.

Sarah Bernhardt avait voyagé avec son amant d'alors, le peintre Georges Clairin, et un aéronaute professionnel, dans la nacelle d'un ballon orange dont le nom, Dona Sol, était inspiré de son rôle du moment à la Comédie-Française. À 6 heures et demie du soir, au bout d'une heure de vol, l'actrice avait joué les mères de famille en préparant des tartines de foie gras*. L'aéronaute avait débouché une bouteille de champagne, faisant sauter le bouchon vers le ciel, et Sarah avait bu dans un gobelet en argent. Puis ils avaient mangé des oranges, et jeté la bouteille vide dans le lac de Vincennes. Grisés par le sentiment soudain de supériorité, ils avaient lâché gaiement du lest sur les gens en bas : d'abord une famille de touristes anglais accoudés à la balustrade de la colonne de Juillet et, plus tard, une noce s'adonnant aux plaisirs d'un pique-nique champêtre.

Tournachon avait voyagé avec huit compagnons dans un aérostat fièrement imaginé par lui-même : «Je construirai un ballon gigantesque, dépassant par ses dimensions les plus grands cités dans les annales...» Il l'avait appelé Le Géant. Lequel effectua cinq vols entre 1863 et 1867. Parmi les passagers de ce deuxième vol se trouvaient la femme de Tournachon, Ernestine, les frères aérostiers Louis et Jules Godard, et un descendant de la famille Montgolfier. Il n'est pas fait mention de la nourriture qu'ils emportèrent.

(...) --Ce texte fait référence à l'édition Broché .

Commentaires (0)

forum
Soyez le premier à déposer un commentaire !
keyboard_arrow_down