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TRADERS, HIPPIES ET HAMSTERS

LEWYCKA MARINA
22.00 €
Sur commande
Code EAN : 9782848931395
Editeur : DES DEUX TERRES
Date de parution : 24/04/2013
22.00 €
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TRADERS, HIPPIES ET HAMSTERSSERGE: L'Usine

Le monde a perdu la tête, même si la plupart des gens ne s'en sont pas encore aperçus. Tout a l'air normal, mais Serge sent comme un léger parfum de folie flotter dans l'atmosphère. Il est huit heures du matin, en ce lundi 1er septembre 2008, à Londres, le Stock Exchange vient à peine d'ouvrir et tout autour de lui, les traders ont déjà le nez collé sur l'écran.
La salle de marché de Finance & Trading Consolidated Alliance ressemble à une énorme usine à profits qui génère des bénéfices à l'échelle industrielle. La salle aux allures de caverne accueille une centaine de personnes qui occupent six longues rangées de postes de travail placés face à face, sur lesquels s'alignent des séries d'écrans affichant minute après minute les incessantes fluctuations des marchés. Les fenêtres sont obscurcies afin que, à aucun moment, le soleil ne blanchisse les moniteurs et le plafond est suffisamment haut pour absorber le bourdonnement industrieux des échanges et du cliquetis des claviers qui accompagne les transactions. Cependant, l'air y est renfermé et il flotte une vague odeur soufrée de plastique surchauffé provenant du matériel informatique, qui tourne non-stop depuis son installation, car le moindre instant de pause ou d'arrêt serait un instant où l'on ne gagne pas d'argent.
La salle est bordée des deux côtés par des bureaux vitrés réservés aux responsables d'équipe. Le bureau d'angle situé à l'autre bout, côté nord, est utilisé par les analystes quantitatifs attachés à l'équipe de titrisation, ce qui reflète leur importance dans la hiérarchie de la société. Lesdits «quants» sont représentés par six garçons et une fille censés éliminer le caractère risqué du risque grâce au génie mathématique.
L'unique fille est Maroushka. De son poste de travail, Serge la voit par la porte ouverte, renversée sur un fauteuil pivotant, les pieds sur le bureau, le portable vissé à l'oreille. Pieds nus. Jambes nues. Les ongles de pied rouge bling-bling, comme des rubis. Elle parle dans cette curieuse langue pétillante qui est la sienne et il se surprend à écouter au lieu de se concentrer sur les données qu'affiche son écran. Il n'a jamais composé de poème jusque-là, mais il faut dire qu'il ne s'est jamais senti aussi inspiré.

Princesse Maroushka!
Entends la chanson de Serge!
Que nos destins convergent
Sur ces... machin-chose...
Vertes et lumineuses? Obscures et sataniques... berges.

«Hello Sergei!» Elle surprend son regard et agite quatre doigts dans sa direction.
Il passe la tête par la porte. «Hello, belle princesse de Zh...» D'où elle vient, déjà? «Alors tu t'es bien amusée pour ton anniversaire, vendredi?
- Très bien, merci. Ça va? Tu étais très beaucoup ivre. Tu as tombé à terre.
- Oui, je me suis un peu cuite. Mais ça valait le coup de te voir danser sur la table.
- C'était la danse folklorique de mon pays. À Zhytomyr c'est comportement normal pour anniversaire.»
Elle lui souffle un baiser et se détourne pour reprendre sa conversation téléphonique.
«Tu devrais ranger ça. Si Timo te voit tu vas avoir des ennuis.
- Pourquoi?»

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